avril 6, 2021

Carrefour et Deliveroo signent un partenariat européen

Par andy1712




Un livreur Deliveroo à vélo, le 26 mars 2021 à Londres


© AFP – DANIEL LEAL-OLIVAS
Un livreur Deliveroo à vélo, le 26 mars 2021 à Londres

EXCLUSIF – Carrefour, présent sur Uber Eats depuis un an, signe à présent une alliance européenne avec Deliveroo. Au même moment, le groupe Casino, déjà partenaire de Deliveroo, débarque sur Uber Eats. Pas de doute, la livraison express de courses à domicile prend une nouvelle dimension, pour le grand bonheur des distributeurs et des foodtechs.

C’est une parfaite alliance entre “click” et “mortar”, qui arrive à point nommé pour ce troisième confinement. La foodtech britannique Deliveroo et le distributeur sexagénaire Carrefour viennent de signer un partenariat européen pour proposer à leurs clients la livraison à domicile d’un millier de produits du quotidien, surtout alimentaires. Récupérés dans les magasins de l’enseigne, ils seront livrés en 30 minutes. Déjà lancé en Espagne et en Italie au cours du deuxième semestre 2020, ce service, déployé en Belgique en mars, est à présent lancé en France, d’abord à Paris, puis très vite dans une vingtaine de villes.

Carrefour arrive sur Deliveroo, Casino sur Uber Eats

C’est lors du premier confinement que la grande distribution, confrontée à une explosion des commandes en ligne, avait toqué à la porte des places de marché alimentaires Deliveroo et Uber Eats, partenaires historiques des restaurateurs. Carrefour avait alors signé en exclusivité avec Uber Eats, et Casino, déjà allié à Amazon, avec Deliveroo. Un an plus tard, les ventes en ligne de produits de grande consommation ont explosé de 42%, selon la Fevad. Et les alliances s’élargissent: alors que Carrefour débarque sur Deliveroo, Casino s’associe cette semaine à Uber Eats. “Nous allons chercher le client là où il est”, explique Elodie Perthuisot, directrice e-commerce, transformation digitale et data de Carrefour. “Il y a un fort trafic sur ces plateformes. De nombreux internautes y naviguent à la recherche d’une solution et découvrent tout à coup qu’il existe une offre de courses. Pour nous, c’est un autre canal de diffusion, de marketing, mais le service est quasiment identique à la livraison express Carrefour: la préparation est faite dans nos magasins. Ces plateformes partent à la conquête des clients, les évangélisent sur l’existence de services e-commerce: elles font du marketing pour nous.”

La nouvelle patronne du e-commerce, promue après le départ d’Amélie Oudea-Castéra pour la Fédération Française de Tennis, a signé avec Deliveroo en connaissance de cause, après un an d’expérience concluante avec Uber Eats. “Nous nous sommes rendu compte que cela intéressait beaucoup les clients”, raconte Elodie Pethuisot, sans dévoiler de chiffres. “Ils plébiscitent la livraison en 30 minutes, mais aussi les produits Carrefour, et évidemment le prix par rapport à une solution de restauration. Nous avons plutôt attiré des clients qui ne se faisaient jusqu’ici pas livrer par Carrefour. Uber Eats est devenu une solution de e-commerce à part entière pour Carrefour, qui s’inscrit dans la durée.”

Deliveroo drague les commerçants…

En face, Deliveroo, présent dans 60 villes françaises, et 300 communes environnantes, a annoncé lors de sa cotation chaotique, le 31 mars, que le commerce devenait un axe stratégique. “Sur nos 20.000 partenaires, 1.000 sont des commerces”, explique Laurent Chhuon-Nougarede, responsable du développement de ce segment, lancé en février 2020. “Les grandes marques de la distribution nous permettent d’attirer de nouveaux clients. Le partenariat avec le groupe Casino est un succès. Les enseignes urbaines et parisiennes Monoprix et Franprix résonnent beaucoup avec la population cliente de Deliveroo. Mais nous voulons aussi proposer des marques plus accessibles. Carrefour amène une complémentarité en termes de géographie et de clientèle.”

Laurent Chhuon-Nougarede ne compte pas s’arrêter aux grands noms du commerce. “Sur Deliveroo, vous retrouvez aussi bien les grosses marques de la restauration comme Burger King, ou McDonald’s, que votre petit pizzeria de quartier. Nous voulons proposer la même exhaustivité avec la partie commerce de bouche.” L’objectif: mailler le territoire en ralliant des petits et moyens commerçants: fromagers, boulangers ou encore bouchers. Derrière, l’ambition de la foodtech, qui a déjà signé avec l’enseigne de surgelés Picard, le pâtissier Yann Couvreur ou encore le caviste Le Repaire de Bacchus, est claire: “Qu’à chaque fois que le consommateur veut se nourrir, il pense à Deliveroo.”

… et Uber Eats signe avec Sodexo

Au même moment, Uber Eats est aussi en train de fourbir ses armes. La start-up vient d’annoncer ce mardi 6 avril la signature d’un accord de partenariat mondial avec Sodexo. “Les détenteurs de cartes restaurant Sodexo pourront régler et se faire livrer leur repas en toute simplicité via l’application Uber Eats”, annonce le communiqué. Le service, d’abord lancé en France, sera ensuite étendu à d’autres pays européens et en Amérique latine. Dans l’Hexagone, cette alliance permettra de connecter les centaines de milliers de salariés français en possession d’une carte restaurant Sodexo, avec les partenaires d’Uber Eats dans 240 villes. Il y a fort à parier que les concurrents de Sodexo ne tarderont pas à lui emboîter le pas. Le marché de la livraison alimentaire à domicile est bel et bien en train de changer d’échelle.