janvier 11, 2022

Le hoodie Yeezy Gap est-il (vraiment) la sensation mode de ce début d’année ?

Par andy1712


Le scoop mode de ce début d’année pourrait bien être tombé juste avant la fashion week homme de Paris. Mode ? Pas que. Avec le lancement très attendu du nouveau drop de hoodies Yeezy Gap, collab inédite entre le label de Ye (ex-Kanye West) et le géant du prêt-à-porter américain en pleine reconstruction d’image, le domaine du vêtement continue de s’étendre. Où ? À la musique, au film, au clip, dans une dispositif multimédia où la fibre textile va désormais de pair avec les beats du rappeur-producteur quarantenaire le plus digitalisé du moment.

Voici du coup la pièce mode la plus traquée de ce début d’année, vendue en ligne, taille adulte et évidemment taille enfant, mais avec quand même trois à quatre semaines d’attente pour faire monter la côte du désir. D’autant plus que Balenciaga est aussi de la partie – un mariage créatif officialisé par un communiqué récent et une interview au Vogue américain, dans laquelle Ye affirmait  : « C’est un rêve réalisé que de travailler avec Gap et Demna, le directeur créatif de Balenciaga, pour faire un produit incroyable disponible pour tous, tout le temps ». Les premiers hoodies, apparus sur les réseaux sociaux au printemps 2021, sont partis comme des petits pains dès leur mise en vente six mois plus tard. Quel monde.



Un modèle de Hoodie Yeezy Gap dévoilé le 11 janvier. Balenciaga


© Fournis par Vanity Fair
Un modèle de Hoodie Yeezy Gap dévoilé le 11 janvier. Balenciaga

Jamais deux sans trois

Cette nouvelle étape de la culture collab, cette fois-ci en version « jamais deux sans trois », a été entamée dès le mois de juin dernier aux États Unis (et six mois plus tard en France) avec le lancement de Veste ronde Yeezy Gap, une doudoune disponible en trois couleurs arborant déjà le logo Gap détourné en YZY, évidemment solder en quelques heures. Le lancement du hoodie va aujourd’hui plus loin, puisqu’il est accompagné par le lancement du clip Paradis et enfer sur sa chaîne Instagram… avec pour paroles – ce qui ne manque pas d’ironie : « No more photos, no more promos, no more logos » (littéralement « Plus de photos, plus de promos, plus de logos »). Tourné de nuit et en noir et blanc, autour d’escaliers qui pourraient bien être ceux de Montmartre, le film de deux minutes et trente huit secondes fait apparaître une série de personnages – dont Ye, on imagine – portant le fameux hoodie invisibilisant le visage.

Ne plus apparaître : c’est l’étonnant crédo de la superstar de l’époque, sorte de Greta Garbo de la mode mais touchée par l’hyper activité. On se souvient que c’est entièrement masqué que Ye était apparu, en juin dernier, dans un stade d’Atlanta lors de l’événement consacré à Donda, son dixième album. Il portait déjà la fameuse doudoune. Quelques semaine auparavant également, le visage entièrement caché derrière un foulard, il assistait au premier défilé de haute couture Balenciaga par Demna Gvasalia, dont il est un fan absolu. Si son ex-femme, Kim Kardashian, avait joué de la même stratégie lors de son apparition en full look noir (et là aussi Balenciaga), Ye va plus loin encore. Sur son compte Instagram, ses presque dix millions de followers ne peuvent voir pour l’instant qu’une seule image, celle du contrat à trois parties réunissant Ye, la marque américaine Gap Inc, et la maison de luxe parisienne qui bouscule la scène mode et ses référents à chaque saison.

Entre fin du monde et gros câlin

Qui va être le gagnant de l’histoire ? Ye, a coup sûr. En un peu plus de deux heures, son clip à l’esthétique urbano-apocalyptique frôlait les 400 000 vues et 6000 commentaires. Gap aussi – avec qui Ye est lié pour dix ans – en repositionnant son image sur un créneau pointu, mais de masse, alors que la marque américaine annonçait à l’automne 2020 vouloir fermer quelques 120 magasins en Europe. Balenciaga, également, dont l’esthétique streetwear infuse chaque pièce mode à laquelle touche le rappeur américain (et occupe, parait-il, l’essentiel de son spectaculaire dressing californien). Mais aussi l’esthétique des années 1990, celles où le chanteur-producteur et Demna Gvasalia furent tous les deux adolescents. Enfin, au delà de la créativité, du génie marketing et du tonitruant écho digital, notons qu’il y a là dans ce produit un quelque chose d’étrangement tendre, contrastant avec la rudesse d’un Ye sans visage et la tendance « luxe abrupt » de Balenciaga . Pourquoi ? Parce que le hoodie, une pièce dont les origines pourraient bien remonter aux tenues capuchées des moines du Moyen-Age, est un vêtement moelleux un câlin réconfortant.